Nous avons récemment appris que des travaux importants ont été entrepris sur l’enveloppe extérieure de l’ancienne église Notre-Dame-du-Saint-Rosaire. Nous vous écrivons aujourd’hui pour vous faire part de certaines observations quant à la préservation des qualités patrimoniales de ce bâtiment.
Tout d’abord, nous soulignons les efforts que vous avez entrepris pour donner une nouvelle vocation à l’église lorsque la Fabrique a mis un terme aux activités de culte. Votre collaboration avec la municipalité et la décision d’y aménager des locaux scolaires s’avèrent être une solution originale et efficace pour redonner vie au bâtiment. Les interventions à l’intérieur ont semble-t-il été réalisées avec un souci de respecter l’intégrité du bâtiment, un choix judicieux en matière de conservation du patrimoine.
Néanmoins, les travaux récemment entrepris à l’extérieur préoccupent plusieurs citoyens et nous partageons certaines de leurs préoccupations. C’est notamment le cas par rapport au retrait du clocher, un geste qui constitue une altération majeure du bâtiment. Bien que l’église Notre-Dame-du-Saint-Rosaire ne bénéficie pas de statut de protection particulier en matière de patrimoine, le clocher constitue tout de même une composante centrale du bâtiment. Un clocher marque également le paysage d’un territoire rural de façon importante, tout en étant un point de repère pour sa communauté. En ce sens, il est normal et compréhensible que plusieurs personnes déplorent sa disparition.
Il est possible d’envisager une autre voie. À l’ancienne église Saint-Pierre-Apôtre de Joliette par exemple, le retrait de la flèche s’est accompagné de la création d’une œuvre d’art rappelant la silhouette de l’ancien clocher, combinant habilement architecture religieuse et art contemporain.
Le choix des matériaux de remplacement a également suscité des réactions de la part de certains résidents. Le remplacement de la tôle par du bardeau d’asphalte sur la toiture et l’ajout de fenêtres contemporaines représente peut-être la solution la plus économique à court terme, mais l’aspect du bâtiment sera inévitablement affecté par ces interventions. D’un point de vue patrimonial, de meilleures décisions pourraient être prises pour ce type d’interventions.
Nous sommes conscients que préserver l’intégralité du bâtiment, notamment son clocher et ses matériaux d’origines, nécessite des interventions coûteuses et difficiles à financer. Néanmoins, la Commission scolaire des Bois-Francs gagnerait à proposer un projet qui prend en considération les préoccupations des résidents de la municipalité du Saint-Rosaire en matière de patrimoine.
Dans le domaine de la conservation, nous croyons que la consultation de la population en amont est la meilleure voie à suivre pour susciter l’acceptabilité sociale d’un projet. Action Patrimoine demeure par ailleurs à votre disposition pour discuter des enjeux qui concernent le patrimoine au sein de votre communauté.