Nous désirons vous exprimer notre désarroi quant à l’entérinement du permis de démolition de la maison Bignell, située au 1 524, côte à Gignac, par la Commission d’urbanisme et de conservation de Québec (CUCQ). Cela fait des décennies que la maison est inhabitée et que le milieu se mobilise pour sa sauvegarde. Conscient de sa valeur, notre organisme a déposé, en 2010, une demande de classement.
Vous n’êtes pas sans savoir que la maison Bignell se trouve dans le site patrimonial de Sillery. Ce faisant, le bâtiment est assujetti à la Loi sur le patrimoine culturel (LPC). L’article 26 de cette loi stipule clairement que « Tout propriétaire d’un bien patrimonial classé doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la préservation de la valeur patrimoniale de ce bien ». La loi définit clairement que le terme « bien patrimonial » englobe les sites patrimoniaux (article 2).
Il s’agit ici d’un cas de démolition par abandon, puisque le bâtiment est inhabité et pas entretenu depuis de nombreuses années. Sans revenir sur tout l’historique et les parties prenantes dans ce dossier, il est maintenant de votre responsabilité de faire de la maison Bignell un exemple qui ne reste pas sans conséquence. En effet, l’article 179.1 de la LPC mentionne que « [..] dans un site patrimonial déclaré et dans un site patrimonial classé situé sur son territoire, la Ville de Québec et la Ville de Montréal exercent les pouvoirs du ministre prévus à l’article 64, à l’exception de ceux relatifs à la démolition totale d’un bâtiment [..] ». Puisqu’il s’agit d’une démolition, vous avez le pouvoir d’agir et l’empêcher la démolition.
Entériner cette demande reviendrait à ignorer l’inaction des acteurs impliqués et ainsi accepter la démolition par abandon, déjà trop présente au Québec. Il n’est jamais trop tard pour sauver un bâtiment ou même pour agir. Dans le cas présent, Action patrimoine croit qu’il est essentiel de ne pas laisser un tel geste sans conséquence.
Notre organisme croit qu’il s’agit d’une occasion pour votre ministère et le gouvernement de démontrer que le patrimoine bâti est une richesse collective que nous nous devons de préserver.
Photo : Gilles Duchesneau Architecte