Par nos interventions et activités auprès des municipalités, nous savons que la préservation du patrimoine bâti nécessite beaucoup de travail et d’investissements de la part de ces dernières. C’est pourquoi nous souhaitons souligner d’entrée de jeu les efforts entrepris par votre municipalité afin de mettre en valeur son patrimoine. La mise en place du circuit historique et architectural « Et si les bâtiments se racontaient », qui permet aux citoyens de découvrir les bâtiments d’intérêt de leur milieu, est un exemple qui témoigne de la sensibilité de la Ville à l’égard de cet enjeu.
Dans le même esprit, nous nous réjouissons également que la Ville ait octroyé, en 2005, un statut de protection à l’ancienne maison du prêtre et historien Lionel Groulx à titre de site patrimonial. Cette résidence, construite entre 1860 et 1865, se démarque à la fois par ses caractéristiques architecturales remarquables et sa valeur historique significative. En effet, par son œuvre littéraire prolifique et son influence dans la sphère politique de l’époque, Lionel Groulx demeure une figure marquante pour le Québec.
Malheureusement, nous apprenons aujourd’hui la décision de la Ville de morceler le terrain de l’ancienne maison de Lionel Groulx en trois lots distincts, sur lesquels il sera possible d’ériger deux nouvelles résidences. Étant donné que la protection patrimoniale s’applique au terrain aussi bien qu’au bâtiment principal, il nous apparaît que ce choix s’inscrit à l’encontre des objectifs de préservation qui accompagnent la citation. En plus de contribuer à la valeur esthétique du site patrimonial, le terrain environnant rappelle les façons d’occuper le territoire au 19e siècle, alors que l’agriculture était l’activité dominante.
Le morcellement du site patrimonial aura certainement des conséquences irréversibles sur sa valeur. Ainsi, l’éventuelle construction de résidences de part et d’autre de la maison altérera complètement le cachet et l’esprit du lieu, pourtant si bien conservé et entretenu par ses propriétaires au fil des années. Nous vous invitons donc à réévaluer la décision de sous-diviser le terrain, de façon à ce que ce dernier conserve ses limites initiales et puisse être transmis aux générations futures dans un état d’authenticité le plus élevé possible.
Nous disposons tous d’une part de responsabilité dans la protection de notre patrimoine bâti. Nous sommes convaincus que vous saurez assumer la vôtre et faire preuve d’exemplarité en assurant la pérennité du site du patrimoine de la Maison-du-Chanoine-Lionel-Groulx.
Photo: Hubert Hayaud – Le Devoir