Pont du ruisseau Villemaire de Mont-Laurier

Cet ancien pont ferroviaire en bois, construit en 1908, est fermé depuis 2010 pour des raisons de sécurité et sujet à la décrépitude. Dans cette lettre, nous suggérons au ministère des Transports (MTQ) de former un partenariat avec les instances régionales et locales pour assurer l’avenir de cette infrastructure d’intérêt patrimonial élevé.

Lettre envoyée le 22 mai à la direction des Laurentides-Lanaudière du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports

Nous vous écrivons au sujet du pont du ruisseau Villemaire, dont le ministère des Transports (MTQ) est propriétaire et qui se trouve à Mont-Laurier. Des citoyens de cette municipalité nous ont contactés pour nous faire part de leur inquiétude concernant l’avenir de cette infrastructure qui est sujette à la dégradation.

 

Dès la fermeture du pont du ruisseau Villemaire en 2010 pour des raisons de sécurité, les élus régionaux ont manifesté leur volonté de sauvegarder et de mettre en valeur ce pont. Une résolution en ce sens qui demandait sa réparation a ainsi été adoptée à l’unanimité par le conseil des maires la même année. Deux ans plus tard, le MTQ commandait une étude patrimoniale sur cette infrastructure de bois construite en 1908 afin de connaître en détail son intérêt patrimonial. Nous félicitons cette initiative qui a effectivement permis de déterminer que le pont comporte un indice patrimonial élevé dû entre autres à son ancienneté, à la rareté de ce type de structure à l’échelle du continent, ainsi qu’à son importance en tant que plus long lien ferroviaire sur cette ancienne ligne du Canadien Pacifique. L’étude recommandait la conservation et la mise en valeur du pont du ruisseau Villemaire.

 

Aujourd’hui, malgré la volonté des élus de sauvegarder le pont dont l’intérêt patrimonial est confirmé, ce dernier se trouve toujours dans un état de décrépitude avancé. Nous constatons malheureusement que depuis cette étude, la détérioration de l’infrastructure s’est accentuée et qu’elle est désormais dans un état critique. La situation est urgente puisqu’un second rapport déposé récemment par une firme d’ingénieurs-conseils chiffrerait à près de 4 M$ les travaux nécessaires à la remise en état du pont. Bien qu’elle souhaite conserver cet élément significatif du patrimoine régional, la MRC ne peut se permettre d’investir seule une telle somme et semble désormais résignée à envisager d’autres scénarios pour maintenir un lien sur le sentier du parc régional.

 

Dans une optique d’exemplarité de l’état, nous suggérons donc au MTQ d’entreprendre des démarches concrètes afin d’assurer la pérennité du pont du ruisseau Villemaire, dont il a la responsabilité. Ainsi, des mesures d’accompagnement et de concertation avec les acteurs locaux pourraient être offertes par le MTQ. Il est démontré que de telles mesures sont possibles et bénéfiques. Par exemple, en 2017 on apprenait que le pont Arthur-Bergeron, qui enjambe la rivière Mitis dans le Bas-Saint-Laurent, serait préservé et mis en valeur grâce à un partenariat entre la MRC de la Mitis et votre ministère. Ce dernier, après avoir effectué des travaux de réfection de 2 M$, cédera ce pont patrimonial à la MRC qui en assurera l’entretien et l’intégrera à son projet de parc régional. Il s’agit là d’un modèle de partenariat dont pourrait s’inspirer la direction régionale des Laurentides pour assurer l’avenir du pont du ruisseau Villemaire. Celui-ci, une fois restauré, offrirait une plus-value unique au parc du P’tit Train du Nord dont la valeur paysagère serait bonifiée par cet élément distinctif.

 

La question des savoir-faire serait aussi un enjeu dans la conservation du pont du ruisseau Villemaire. Il serait alors pertinent d’étudier comment d’autres exemples d’infrastructures anciennes en bois sont remis en état. Par exemple, à Mansfield-et-Pontefract, le pont couvert Félix-Antoine-Marchand fait présentement l’objet de travaux qui visent notamment le renforcement et le redressement de sa structure, la reconstruction de son tablier et le remplacement de plusieurs pièces endommagées. Ces travaux menés par le MTQ, d’une valeur de 5,1 M$, démontrent qu’il est possible de procéder à une réfection majeure sur une infrastructure ancienne de bois, fermée elle aussi à la circulation depuis plusieurs années pour des raisons de sécurité. L’intérêt patrimonial élevé du pont du ruisseau Villemaire justifierait selon nous que le MTQ considère de tels travaux pour le mettre en valeur.

 

Ces exemples témoignent qu’en s’engageant et en faisant preuve de vision, le MTQ, en collaboration avec les autres ministères et les autorités régionales et locales, peut contribuer au rayonnement du patrimoine bâti du Québec. Nous espérons donc que le pont du ruisseau Villemaire bénéficiera d’un même engagement qui profitera à toute la région des Laurentides. Action patrimoine est disponible pour collaborer avec vous à cette fin.

Suivi du dossier

Le 1er juin, la direction régionale des Laurentides-Lanaudière du ministère des Transports du Québec nous a fait parvenir une réponse. Elle y affirme vouloir inscrire la réparation du pont du ruisseau Villemaire à sa planification quinquennale des travaux. Ce projet devant permettre la réouverture du pont n’aurait cependant pu être priorisé et aucun échéancier pour sa réalisation n’est prévu.

Le contenu des avis relève du comité Avis et prises de position (APP) qui a pour mandat de sensibiliser le plus grand nombre à la préservation du patrimoine bâti et des paysages culturels. 

Composé d’au moins cinq professionnels (urbanisme, architecture, histoire et patrimoine, pour plusieurs membres du conseil d’administration), ce comité se réunit à chaque mois. Les dossiers priorisés ont soit valeur d’exemple soit découlent d’une situation faisant craindre une perte imminente.

Par souci de transparence, nous publions les avis et prises de position sur ce site web quelques jours seulement après l’envoi au destinataire.