Opposition à la démolition du 1072, boulevard René-Lévesque Ouest à Québec

Dans une lettre envoyée le 18 septembre 2024 au Service du greffe de la Ville de Québec, Action patrimoine s’oppose à la démolition du 1072, boulevard René-Lévesque Ouest à Québec.

Nous avons été informés qu’une demande de démolition concernant le bâtiment situé au 1072, boulevard René-Lévesque Ouest, appelé résidence Wilfrid-Légaré, dans l’arrondissement de La Cité-Limoilou, a récemment été déposée. Notre organisme s’oppose fermement à la démolition de cet édifice pour plusieurs raisons.

 

Premièrement, cette résidence a été construite en 1949 par l’entrepreneur Wilfrid Légaré selon les plans de l’architecte Charles Dumais qui en restera le propriétaire jusqu’à son décès et léguera son bien à ses enfants, eux-mêmes propriétaires jusqu’en 1996. À cette époque, l’homme d’affaires construit plusieurs immeubles à Québec à l’aide de son entreprise, dont l’édifice Légaré sur le boulevard Quatre-Bourgeois. Selon le répertoire du patrimoine bâti de la Ville de Québec, « de par son époque de construction et son association à un personnage important, la résidence sise au 1072, boulevard René-Lévesque présente un intérêt historique supérieur. »

 

Deuxièmement, en plus de son intérêt historique, ce bâtiment présente également une valeur architecturale et paysagère importante. En effet, la résidence se situe au cœur d’un noyau institutionnel en raison de son positionnement au coin de l’avenue Cardinal-Rouleau. Plusieurs grands feuillus encadrent cette propriété et participent à l’embellissement de la maison. Le répertoire mentionne que sa « représentativité du style prairie, son association à l’architecte Charles Dumais et sa très bonne authenticité formelle et matérielle » donne à cette résidence un intérêt architectural et artistique supérieur, en plus de son intérêt urbanistique et paysager. 

 

Enfin, la maison composée de deux appartements rénovés se distingue par son bon état général, comme le montre très bien la fiche de mise en vente. Cette demeure patrimoniale représente une part précieuse de l’histoire locale. Plutôt que de la démolir pour laisser place à de nouvelles constructions, il serait plus judicieux de la préserver. La destruction d’un tel édifice entraîne non seulement une perte culturelle et architecturale, mais également des impacts environnementaux importants liés à la construction de nouveaux bâtiments.

 

Enfin, Action patrimoine tient à souligner que le règlement sur la Commission d’urbanisme et de conservation de Québec, R.V.Q.1324, à la section XIII, secteurs patrimoniaux de la cité et du Vieux-Limoilou et des bâtiments d’intérêt patrimonial de Lairet et de Maizerets, alinéa 7, travaux de démolition et de réutilisation du sol, stipule que : « Les objectifs dont la commission doit tenir compte dans l’exercice de sa compétence relativement aux travaux visés au premier alinéa sont les suivants : sauvegarder ou mettre en valeur les bâtiments existants qui possèdent des caractéristiques architecturales ou patrimoniales […] préserver la continuité de la trame bâtie, prioriser le maintien des bâtiments significatifs qui caractérisent une époque ou un secteur, de préférence à la construction de nouveaux bâtiments. » Il est donc bien explicitement mentionné que la sauvegarde de ce type de bâtiment est non seulement souhaitable, mais indispensable pour protéger l’identité et l’histoire du quartier.

 

Pour toutes ces raisons, soit les différentes valeurs énumérées ci-dessus, le bon état général de la maison récemment rénovée, ainsi que la règlementation en vigueur, Action patrimoine s’oppose fermement à la démolition du 1072, René-Lévesque et demande à la Ville de Québec de faire preuve d’exemplarité en refusant la demande de concernant la résidence Wilfrid Légaré.

 

Photo : Ville de Québec

Suivi de dossier

Septembre 2024 : Le comité de démolition a décidé de refuser la demande de démolition de la maison.

Le contenu des avis relève du comité Avis et prises de position (APP) qui a pour mandat de sensibiliser le plus grand nombre à la préservation du patrimoine bâti et des paysages culturels. 

Composé d’au moins cinq professionnels (urbanisme, architecture, histoire et patrimoine, pour plusieurs membres du conseil d’administration), ce comité se réunit à chaque mois. Les dossiers priorisés ont soit valeur d’exemple soit découlent d’une situation faisant craindre une perte imminente.

Par souci de transparence, nous publions les avis et prises de position sur ce site web quelques jours seulement après l’envoi au destinataire.