Mise en vente du Studio Cormier

Nous avons fait parvenir cette lettre à la ministre de la Culture et des Communications le 8 janvier 2016, témoignant nos inquiétudes quant à la façon dont cet immeuble patrimonial, reconnu comme étant l’ancien studio et atelier de l’architecte Ernest Cormier, a été mis en vente.

Lettre envoyée à la ministre de la Culture et des Communications

Madame la Ministre,

Nous tenions d’abord à souligner la pertinence de l’avis d’intention de classement du Studio Ernest-Cormier que vous avez signifié en novembre dernier. Il s’agit d’une très bonne nouvelle bien que le classement ne garantisse pas une protection suffisante si celui-ci n’est pas conjugué à un projet dont l’usage est viable et compatible avec la nature de l’immeuble.

Nous tenions d’autre part à vous signifier une certaine inquiétude que nous avons quant à la façon dont cet immeuble patrimonial a été mis en vente. Nous déplorons que la mise en vente de cet immeuble ait été faite en catimini, et ce, malgré la valeur patrimoniale reconnue du bâtiment à l’échelle du Québec. Cette façon de faire, décriée avec raison par plusieurs acteurs du domaine la protection du patrimoine, du design et de l’urbanisme, rappelle étrangement le cas de la Bibliothèque Saint-Sulpice, dont le dossier a tout aussi été critiqué plus tôt en 2015.

Importance de mettre en place une Politique du patrimoine

Ces deux cas semblent mettre en lumière l’absence de procédures claires quant à la vente par la SQI d’immeubles d’intérêt patrimonial. Or, Action patrimoine s’attend d’un important gestionnaire public comme la SQI, et plus largement du gouvernement du Québec, à ce qu’il fasse preuve d’exemplarité en matière de gestion de son parc immobilier d’intérêt patrimonial. Cette exemplarité se concrétise, selon nous, par la mise en place de comités mixtes, composés des professionnels de plusieurs niveaux de gouvernement et d’acteurs de la communauté (privés, communautaires, universitaires, etc.), avant la mise en vente formelle d’un bâtiment dont la valeur est largement reconnue dans une communauté.

Le cas du studio Ernest-Cormier et de la bibliothèque Saint-Sulpice nous rappelle aussi et la pertinence et l’importance de mettre en place une Politique du patrimoine pour le gouvernement du Québec. Une telle politique assurerait notamment une cohérence au niveau des interventions faites concernant des immeubles patrimoniaux pour l’ensemble des ministères, organismes et Sociétés d’État. Elle systématisera aussi les rapports entre les multiples acteurs du gouvernement responsables selon des degrés divers de la gestion et la mise en valeur d’éléments patrimoniaux.

Statut du dossier

À l’automne 2016, la Société québécoise d’infrastructure a vendu le studio Cormier à un particulier qui souhaite l’habiter. En janvier 2017, l’arrondissement Plateau Mont-Royal, dans lequel se trouve le studio, s’opposait toutefois au changement de zonage qui ferait passer ce bâtiment d’un usage institutionnel à un usage résidentiel.

Le contenu des avis relève du comité Avis et prises de position (APP) qui a pour mandat de sensibiliser le plus grand nombre à la préservation du patrimoine bâti et des paysages culturels. 

Composé d’au moins cinq professionnels (urbanisme, architecture, histoire et patrimoine, pour plusieurs membres du conseil d’administration), ce comité se réunit à chaque mois. Les dossiers priorisés ont soit valeur d’exemple soit découlent d’une situation faisant craindre une perte imminente.

Par souci de transparence, nous publions les avis et prises de position sur ce site web quelques jours seulement après l’envoi au destinataire.