Demande de révision de la décision concernant la vespasienne du parc Saint-Marc à Shawinigan

Nous avons récemment appris que, le 14 avril dernier, le comité de démolition de la Ville de Shawinigan a autorisé l’émission d’un permis de démolition pour la vespasienne du parc Saint-Marc (aujourd’hui parc Saint-Onge). Nous souhaitons demander la révision de cette décision, conformément à ce droit prévu dans un délai de 30 jours. 

Érigé dans les années 1930, ce bâtiment présente une esthétique Art déco unique dans la région. Il nous apparaît que plusieurs éléments méritent d’être considérés. En effet, ses lignes Streamline et son allure de paquebot, oeuvre de l’architecte Jules Caron, en font un immeuble à l’apparence singulière. 

L’édifice abrite actuellement une piscine, autrefois accessible aux résidents du quartier. Le projet déposé consiste à démolir le bâtiment pour le remplacer par une nouvelle construction qui remplirait la même fonction. Le projet serait en partie financé par le programme gouvernemental PAFIRS (Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives et sportives). Il est toutefois légitime de se demander pourquoi ces fonds ne sont pas investis dans la restauration du bâtiment existant. Bien que cette subvention n’inclue pas les éléments architecturaux décoratifs, elle pourrait néanmoins être utilisée pour des aspects techniques, tels que la mise aux normes, les installations ou la sécurité. La Ville aurait pu décider de préserver son bâtiment et utiliser la subvention pour restaurer la vespasienne et ainsi rétablir sa fonction d’origine tout en mettant en valeur un élément patrimonial important de la région. 

En effet, si les coûts financiers liés à la restauration et à la démolition du bâtiment existant ou à la construction d’un nouveau bâtiment ont été évalués, les coûts environnementaux et l’impact sur le patrimoine, eux, semblent absents de l’analyse. La perte des matériaux d’origine du lieu n’est pas prise en compte. Il est aussi bon de rappeler que le bâtiment le plus écologique est celui qui est déjà construit. En cela, il faut prendre en considération la démolition, l’enfouissement des débris, la remise en état du site, le transport des nouveaux matériaux, la décontamination, si nécessaire, etc.  

Par ailleurs, les personnes actuellement responsables du projet tendent à se dégager de la responsabilité de l’état du bâtiment, invoquant les changements d’administration au fil des années. La Ville de Shawinigan se doit d’être exemplaire dans la gestion de son patrimoine et de rejeter la faute sur l’ancienne administration ne doit pas servir à se dédouaner de sa démolition. 

Enfin, nous tenons à rappeler que le patrimoine bâti doit être préservé, valorisé et géré avec rigueur. Il ne doit pas être considéré comme un simple actif immobilier, mais comme un élément distinct qu’il convient de protéger et d’intégrer dans les politiques d’aménagement. Action patrimoine réitère donc son opposition à la démolition de la Vespasienne pour toutes les raisons suivantes, l’importance patrimoniale du lieu, mais aussi le programme de subvention qui aurait pu être attribué au bâtiment existant ainsi que le coût environnemental que cette démolition entraîne.