Avenir du Domaine de l’Estérel

En 2007, Action patrimoine et Docomomo Québec déposaient une demande de classement pour le Centre commercial du domaine de l’Estérel situé à Sainte–Marguerite–du–Lac–Masson. En 2013/2014, la tête de l’édifice fut classé immeuble patrimonial et une aire de protection englobant l’ensemble fut délimitée.

Nous vous écrivons, car nos organismes sont inquiets de l’avenir de l’immeuble, dernier et ultime témoin à vocation collective du vaste domaine de villégiature aménagé par le Baron Louis Empain dans les Laurentides, aux abords des lacs Masson et Dupuis, à la fin des années 1930. Voilà quelques années encore, il comptait l’hôtel de la Pointe–Bleue, une auberge, une écurie, tous disparus, et un sporting–club, devenu méconnaissable ayant été transformé en hôtel — aujourd’hui, L’Estérel Resort —, auxquels s’ajoutent des chalets en bois rond et une maison en béton.

Nous avons appris que la Direction du patrimoine a accepté la demande de démolition de l’arrière du bâtiment introduite récemment par le nouveau propriétaire, la compagnie Olymbec. Certes, nous pouvons nous réjouir que le bâtiment ne soit plus laissé à l’abandon, comme il l’était depuis bientôt 10 ans et sa vente par la municipalité à un promoteur privé.

Nous voudrions être rassurés que toutes les vérifications aient été faites avant d’autoriser la démolition. Il ne faudrait pas que l’intervention sur la partie arrière de l’immeuble mette en péril la stabilité de l’avant, dont une partie s’est récemment effondrée. Nous nous demandons d’ailleurs si des travaux d’urgence ne sont pas nécessaires. Nous nous interrogeons également à savoir si des études structurelles de cet édifice qui compte parmi les premières constructions en béton valident la démolition.

Il ne faudrait pas que ces travaux entrainent une dégradation irrémédiable de la partie avant dont est classé non seulement l’extérieur, mais encore l’intérieur : la Blue Room (ancien restaurant–cabaret) et la cage d’escalier principale, des espaces Art déco assez uniques au
Québec.

Nous voudrions être rassurés quant au projet de reconstruction de l’arrière et de réhabilitation/restauration de la partie classée. Nous nous attendons à ce qu’il réponde aux principes de conservation établis. Nous nous inquiétons particulièrement pour l’avenir du mur–rideau en bois. Nous nous attendons à ce qu’il soit considéré avec circonspection afin d’assurer l’authenticité du bien.

Nous nous demandons si un tel projet sera soumis à l’avis du Conseil du patrimoine culturel. Remarquons qu’en Belgique, après plusieurs années d’abandon et de détérioration, la villa de Louis Empain a été restaurée dans les règles de l’art.