La décision d’autoriser la démolition de l’église Saint-Cœur-de-Marie préoccupe grandement notre organisme. Rare exemple de l’architecture de style byzantin à Québec, cette église a une valeur patrimoniale supérieure. Malheureusement, la difficulté de trouver une entente avec le propriétaire et la multiplication des retards dans ce dossier ont eu des conséquences très dommageables sur l’état du bâtiment.
La Ville avait pourtant bien explicité dans le Programme particulier d’urbanisme de la colline Parlementaire sa volonté d’assurer la pérennité du patrimoine bâti et paysager. Elle y encourage le recyclage et la reconversion des églises de grand intérêt patrimonial. Surtout, elle y mentionne le désir de préserver intégralement l’intérieur et l’extérieur de l’église Saint‑Cœur‑de‑Marie.
La Vision du patrimoine 2027 fait également mention de la volonté de « soutenir les projets audacieux visant la réutilisation du patrimoine bâti » concernant cette même église. La volonté de la conserver était donc clairement établie, mais n’a pas été affirmée avec conviction. En autorisant la démolition, la Ville envoie le signal que la réglementation et la planification en urbanisme peuvent être aisément contournées. Nous constatons ainsi une certaine incohérence entre la vision et les actions de la Ville dans la gestion de ce dossier.
De plus, les conditions de démolition imposées par la Commission d’urbanisme et de conservation de Québec soulèvent plusieurs interrogations. Bien que le façadisme permette de conserver des éléments intéressants, il porte entrave à l’intégrité du bâtiment et à sa cohérence dans le tissu urbain. Les projets réalisés selon cette approche mènent souvent à des résultats mitigés. Pour ces raisons, nous ne considérons pas ce compromis comme une solution satisfaisante pour la préservation du patrimoine.
Notons également qu’en raison de son emplacement stratégique sur la Grande Allée, la disparition de l’église Saint-Cœur-de-Marie marquera incontestablement le paysage urbain. C’est pourquoi il est essentiel que vous portiez une attention particulière à la qualité esthétique et architecturale du projet de remplacement. Nous vous invitons fortement à rejeter toute proposition qui ne sera pas de qualité égale ou supérieure à l’actuelle église.
Nous espérons que la tournure des évènements suscitera au sein de votre administration une prise de conscience relative à l’importance d’agir en prévention afin d’assurer l’avenir de notre patrimoine bâti. En effet, plusieurs églises de Québec sont présentement inoccupées et risquent de connaître un sort similaire si aucune action n’est posée.
Photo : Église Saint-Coeur-de-Marie par jeangagnon