Pourquoi une protection?
Les risques de disparition
Le patrimoine est souvent fragile, vulnérable et parfois même menacé de disparaître, pour différentes raisons : son âge, les phénomènes de mode, le mauvais état des structures ou des bâtiments, le nombre élevé de touristes qui visitent un site, etc. L’ignorance, l’indifférence, les guerres et les conflits, les interventions humaines, les incendies, les catastrophes naturelles sont aussi des menaces pour le patrimoine.
Pourquoi protéger le patrimoine ?
Le patrimoine possède une valeur pour ses caractéristiques propres et aussi pour ce qu’il évoque et représente. Si nous souhaitons le conserver, il a besoin d’être protégé, car la perte du patrimoine est la perte d’une part de notre identité. Notre regard sur le passé et sur l’avenir détermine les choix de transmission que nous faisons aux générations futures.
Comment faire ?
Chacun peut protéger le patrimoine, mais comme le patrimoine est un bien collectif, il importe aussi que des organismes publics le protègent. Nous te présentons en détail dans cette partie les gardiens de ce patrimoine.
Site sacré algonquin du Rocher à l’Oiseau
(municipalité de Sheenboro).
Détails de pictogrammes peints à l’ocre rouge avec
traces de vandalisme par dessus.
© CLD du Pontiac
Les gardiens du patrimoine
Qui est responsable de la protection et de la conservation du patrimoine? Un peu tout le monde, en fait… Cependant, grâce au partage des tâches, les rôles sont répartis et la responsabilité devient bien plus légère à porter pour chacun! Voyons ensemble qui sont les principaux gardiens du patrimoine. On peut réunir en quatre groupes les différents responsables de la protection :
- l’action privée : le citoyen et les organismes privés.
- l’action publique : les municipalités et les MRC, le gouvernement du Québec, le gouvernement du Canada
- la protection du patrimoine de l’humanité : les organisations internationales.
- la protection des professions liés au patrimoine.
Les citoyens
Tous les résidents d’un lieu (ville, province, pays), des plus jeunes aux plus âgés, peuvent jouer un rôle de première ligne pour la protection du patrimoine.
Dans le cadre du concours de la chaîne de télévision Historia « Sauvez un bâtiment de chez vous ! », un étudiant de secondaire 5 a réussi à faire prendre conscience aux gens de sa communauté, ainsi qu’aux élèves de son école, de la valeur patrimoniale d’un bâtiment, la maison Neilson, auquel il était attaché. Il n’a pas gagné le concours, mais il a créé un mouvement de soutien autour de son patrimoine local, ce qui favorisera sûrement sa conservation future.
- Les propriétaires d’un bien patrimonial sont responsables de le protéger et de le conserver.
- Des citoyens se mobilisent en groupes ou en associations pour sensibiliser les organismes publics ou privés aux dangers qui menacent des éléments de patrimoine, et trouver des solutions pour le mettre en valeur.
La maison Neilson, Saint-Gabriel-de-Valcartier
© Charles Breton-Demeule
Les associations et fondations privées
Plusieurs groupes formés de gens passionnés promeuvent et défendent le patrimoine dans toutes les régions du Québec. Ils créent également des outils permettant aux citoyens de mieux connaître et de mieux sauvegarder le patrimoine qui les entoure.
Maison Jalbert à l’Île d’Orléans
© Denise Caron du fonds de l’APMAQ
L’Association Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec a pour but d’aider les membres propriétaires de maisons anciennes en les conseillant pour l’entretien de leur demeure. L’APMAQ est aussi à l’origine de documents pouvant guider le propriétaire s’il entreprend la restauration de sa maison.
Action patrimoine travaille à sensibiliser la population et les instances politiques à l’importance de protéger et de mettre en valeur le patrimoine bâti et les paysages culturels du Québec.
Action patrimoine propose depuis plus de vingt ans le concours Capture ton patrimoine, destiné à sensibliser les jeunes québécois de 10 à 18 ans au patrimoine de leur « coin de pays ».
Les municipalités
Plusieurs municipalités appliquent des réglements pour protéger légalement des bâtiments et des sites patrimoniaux. Elles doivent s’assurer que tous les travaux effectués sur le bâtiment ou le site en respectent les caractéristiques patrimoniales.
Chaque municipalité met en place un plan d’urbanisme et des règlements d’urbanisme. Par exemple, une municipalité peut exiger que les nouveaux bâtiments soient construits de façon à s’intégrer harmonieusement dans le paysage urbain de la localité.
Il arrive également que les municipalités offrent aux citoyens des conseils en matière de rénovation, de conservation et de protection, afin de les aider à effectuer des travaux qui respectent le caractère patrimonial des bâtiments.
Les municipalités peuvent aussi faire des activités éducatives et récréatives ou proposer des outils d’interprétation qui mettent en valeur leur patrimoine.
Circuit patrimonial de Chambly © Ville de Chambly
La municipalité régionale de comté (MRC) ou la Communauté métropolitaine (CM)
Les MRC et les CM ont elles aussi des outils pouvant contribuer à la protection du patrimoine. Un de ses outils est le schéma d’aménagement.
Le schéma d’aménagement établit les grandes lignes du développement urbain de la région qui doit se faire en respectant les secteurs patrimoniaux. Les secteurs ayant un intérêt patrimonial sont décrits dans le document. Avant d’élaborer leur plan d’urbanisme, les municipalités consultent le schéma d’aménagement car elles doivent en tenir compte pour élaborer leur plan d’urbanisme.
Gouvernement du Québec
Deux lois fondamentales forment un cadre à la protection du patrimoine au Québec, la Loi sur le patrimoine culturel et la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme. La Loi sur le développement durable est également importante.
Le ministère de la Culture et des Communications peut classer des biens mobiliers, des sites et des bâtiments historiques, parfois même des parties de quartier (exemple : arrondissement historique de Trois-Rivières). Lorsqu’un bien patrimonial est classé, il est protégé et inscrit au Registre du patrimoine culturel.
Le Registre du patrimoine culturel du Québec présente le patrimoine protégé en vertu de la Loi sur les biens culturels, par le gouvernement ou par les municipalités du Québec. Il peut s’agir de biens immobiliers, de biens mobiliers ou des secteurs protégés.
Musée de la civilisation
© Idra Labrie
Les musées d’État
Le gouvernement du Québec a également favorisé la naissance de musées d’État : le Musée de la civilisation, le Musée national des beaux-arts du Québec et le Musée d’art contemporain du Québec. Ces musées ont pour mandat de conserver et mettre en valeur le patrimoine culturel et artistique du Québec.
Centre de conservation du Québec
Le Centre de conservation du Québec (CCQ) dépend également du gouvernement du Québec. Il a pour mission de contribuer à la conservation préventive et à la restauration du patrimoine du Québec et compte sur une équipe de plus d’une trentaine de restaurateurs spécialisés dans différents domaines de la restauration.
Travail de consolidation d’une polychromie fragile effectué sur un cheval berçant de l’époque victorienne, appartenant au Musée de Lachine. Photo : Michel Élie
© CCQ
Le phare du Haut-Fond-Prince à Tadoussac
Le gardien des eaux du fleuve,
Capture ton patrimoine 2011
© Laurence René
Gouvernement du Canada
Le gouvernement canadien peut désigner des lieux et des monuments historiques s’il juge qu’ils ont une valeur patrimoniale qui touche l’ensemble des Canadiens.
L’agence gouvernementale Parcs Canada est responsable de la protection et de la mise en valeur de ces patrimoines culturels et naturels significatifs du Canada.
Au Québec, Parcs Canada gère plusieurs sites, notamment le Lieu historique national du Commerce-de-la-Fourrure-à-Lachine. L’agence s’occupe aussi de la protection de sites naturels comme le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, en collaboration avec le gouvernement du Québec et les intervenants du milieu.
L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO)
Principal organisme chargé de protéger le patrimoine à l’échelle mondiale. Il a rédigé la Convention du patrimoine mondial pour obliger les pays signataires à protéger et à conserver, pour les générations à venir, le patrimoine mondial se trouvant sur leur territoire.
La Liste du patrimoine mondial répertorie tous les biens ayant une importance universelle.
Le siège de l’UNESCO se trouve à Paris, en France.
Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS)
Cet organisme conseille l’UNESCO et évalue les biens pour l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial.
Son secrétariat international se trouve à Paris, en France.
Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM)
Cet organisme donne son avis sur la conservation des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. Il informe aussi des techniques de restauration.
Son siège social est situé à Rome, en Italie.
Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN)
Cet organisme conseille l’UNESCO pour l’inscription de territoires naturels sur la Liste du patrimoine mondial. L’Union évalue également l’état de conservation des territoires déjà sur la liste.
Son siège social est situé à Gland, en Suisse.
Arrondissement historique du Vieux-Québec
Cette lumière qui nous révèle le passé à Place-Royale, Capture ton patrimoine 2004
© Maude Côté Saint-Pierre
L’Arrondissement historique du Vieux-Québec est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, de même que le Parc national de Miguasha situé en Gaspésie. Cela oblige les gouvernements fédéral et provincial à préserver ces sites, puisque le Canada est signataire de la convention.
Quelques professions qui protègent le patrimoine
Les professionnels, les gens de métiers et les porteurs de traditions travaillent aussi à la protection du patrimoine.
Consulte le répertoire et tu trouveras une liste non-exhaustive de ces professions… Qui sait, peut-être que cela fera naître en toi une vocation!