Urgence d’agir pour l’église Saint-Gérard-Majella

Dans une lettre envoyée le 29 avril 2021 à la ministre de la Culture et des Communications, nous avons exprimé nos vives inquiétudes relatives à l’état du chantier de l’église Saint-Gérard-Majella, plus particulièrement le stade avancé de dégradation du site et les dangers qu’il représente.

Lettre envoyée le 29 avril 2021 à la ministre de la Culture et des Communications

Nous souhaitons par la présente attirer votre attention sur les irrégularités que nous avons constatées sur le chantier de l’église Saint-Gérard-Majella, à Saint- Jean-sur-Richelieu. Actuellement au cœur d’un projet de densification résidentielle, l’église se retrouve au centre d’un chantier d’envergure. Toutefois, l’état actuel de ce dernier est une menace considérable pour la préservation du bâtiment, comme vous le constaterez dans les photos prises le 26 avril 2021.

 

Rappelons que l’église Saint-Gérard-Majella, construite en 1961, est un véritable joyau de l’architecture moderne. Bien qu’elle ne bénéficie pas de statut de protection en vertu de la LPC, l’inventaire des lieux de culte du Conseil du patrimoine religieux du Québec lui accorde la cote A (Incontournable) et l’importance de sa valeur patrimoniale n’est plus à démontrer. Sa composition architecturale remarquable et sa voûte en forme de vague font preuve de prouesses techniques qui étaient particulièrement innovantes à l’époque. Les vitraux ont pu être, jusqu’à aujourd’hui, conservés dans un bon état. Sa disparition serait une perte irrémédiable pour le patrimoine moderne du Québec.

 

Malheureusement, en fonction des informations que détient notre organisme, force est de constater que les travaux ne sont pas réalisés de manière irréprochable. En plus de l’accumulation d’eau près des fondations qui doit être pompée le plus rapidement possible, l’église n’est pas verrouillée et il est possible d’y circuler librement. Il est donc urgent d’en fermer l’accès avant que celle-ci ne devienne la proie du vandalisme et des intempéries. Par ailleurs, les fondations, révélées par l’excavation, ne sont pas protégées et le bâtiment n’est plus chauffé depuis plusieurs années. Ces éléments nous laissent croire que l’intégrité du bâtiment est fortement menacée.

 

Comme vous le savez, l’article 76 de la Loi sur le patrimoine culturel vous autorise à ordonner la prise de mesures de sécurité particulières lorsqu’il « existe une menace réelle ou appréhendée que soit dégradé de manière non négligeable un bien susceptible de présenter une valeur patrimoniale. ». Nous croyons que l’utilisation de ce régime d’ordonnances serait ici requise pour exiger de l’entrepreneur un meilleur encadrement des travaux. Si aucune intervention n’est faite, nous craignons que le motif de l’état de dégradation du bâtiment ne soit – encore une fois – invoqué par le promoteur pour justifier la démolition. Les citoyens de Saint-Jean-sur-Richelieu se sont prononcés, lors d’un référendum, en faveur de la sauvegarde de leur église.

 

Connaissant votre sensibilité à l’importance du patrimoine bâti, nous sommes persuadés que vous saurez agir conséquemment pour favoriser la réalisation de cette volonté citoyenne. Votre vigilance nous apparaît aujourd’hui requise afin d’éviter de répéter un scénario tel que celui de Saint-Cœur-de-Marie.

Suivi du dossier

Le contenu des avis relève du comité Avis et prises de position (APP) qui a pour mandat de sensibiliser le plus grand nombre à la préservation du patrimoine bâti et des paysages culturels. 

Composé d’au moins cinq professionnels (urbanisme, architecture, histoire et patrimoine, pour plusieurs membres du conseil d’administration), ce comité se réunit à chaque mois. Les dossiers priorisés ont soit valeur d’exemple soit découlent d’une situation faisant craindre une perte imminente.

Par souci de transparence, nous publions les avis et prises de position sur ce site web quelques jours seulement après l’envoi au destinataire.