Sauvegarde du presbytère Notre-Dame-de-l’Annonciation à L’Ancienne-Lorette

Dans cette lettre envoyée le 16 mars dernier, nous avons fait part de nos recommandations au conseil municipal de L’Ancienne-Lorette en ce qui concerne l’avenir du presbytère Notre-Dame-de-l’Annonciation.

Monsieur le maire, Mesdames et messieurs les conseillers municipaux,

 

Nous avons pris connaissance de la menace de démolition qui plane sur le presbytère Notre-Dame-de-l’Annonciation à L’Ancienne-Lorette. L’ancien presbytère de la paroisse Notre-Dame-de-L’Annonciation forme avec l’église le cœur du noyau villageois. Dans la plupart des villages du Québec, ces types de bâtiments composent des ensembles structurants dont les valeurs historiques et sociales constituent la base de l’identité du lieu et du sentiment d’appartenance à une communauté. De plus, grâce à leurs sites et leurs architectures recherchées, les presbytères comptent souvent parmi les réalisations architecturales ayant le plus d’intérêt patrimonial. Celui de L’Ancienne-Lorette n’y échappe pas.

 

On peut d’ailleurs lire dans l’inventaire du patrimoine culturel de la Ville de Québec que la grande intégrité des composantes architecturales du bâtiment en fait un témoin important de son époque. Sa valeur patrimoniale y est d’ailleurs considérée comme exceptionnelle. De plus, le fait que le bâtiment repose sur les fondations d’un précédent presbytère, construit vers 1730, lui confère également une valeur archéologique à ne pas négliger.

 

Son concepteur, l’architecte Joseph-Georges Bussières, a aussi réalisé d’autres bâtiments d’intérêt patrimonial sur le territoire de la Ville de Québec. Concepteur prolifique d’édifices religieux dans la région de Portneuf, plusieurs de ses églises et presbytères ont obtenu un statut de reconnaissance. C’est le cas des municipalités de St-Léonard-de-Portneuf et de Pont-Rouge qui ont toutes deux attribué un statut de protection à leurs ensembles religieux. La Ville de L’Ancienne-Lorette pourrait, elle aussi, citer son église et son presbytère afin d’assurer leur pérennité.

 

De plus, le besoin d’un nouvel espace pour accueillir les différents organismes communautaires de la municipalité est compatible avec la sauvegarde du presbytère. En effet les presbytères, grâce à leur caractère résidentiel et leur distribution, peuvent facilement accueillir de nouveaux usages. Les anciennes pièces de jour conviennent aux activités de groupe alors que les chambres peuvent accueillir des bureaux administratifs. Un agrandissement du bâtiment existant pourrait répondre aux nouveaux besoins des organismes et offre le potentiel d’un très beau projet d’architecture.

 

Plusieurs exemples de projets semblables existent. Ainsi, l’ancien presbytère de la paroisse Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours à Montréal accueille désormais les bureaux de l’organisme communautaire Paradoxe qui favorise l’insertion sociale et professionnelle des jeunes dans le domaine du spectacle et de l’événementiel. L’ancien presbytère Saint-Stephen, à Chelsea en Outaouais, a lui été transformé en centre culturel. L’ancien presbytère de Saint-Philippe-de-Néri dans le Bas-St-Laurent a lui aussi été converti en maison de la culture, un projet maintes fois primé.

 

Nous croyons donc que la municipalité de L’Ancienne-Lorette bénéficie d’une occasion de faire d’une pierre deux coups ; en préservant et en mettant en valeur un élément important de son patrimoine tout en se dotant d’un nouveau centre communautaire. Il ne fait pas de doute que les futures générations de Lorettaines et de Lorettains seront reconnaissantes d’avoir pour legs, plutôt qu’un stationnement, un patrimoine bâti préservé et mis en valeur.

Suivi du dossier

Le maire de l’Ancienne-Lorette a annoncé en mars 2017 que l’idée de démolir le presbytère était abandonnée. Une nouvelle vocation pour le bâtiment n’a cependant pas encore été trouvée et des fonds pour la rénovation du bâtiment sont nécessaires.

Le contenu des avis relève du comité Avis et prises de position (APP) qui a pour mandat de sensibiliser le plus grand nombre à la préservation du patrimoine bâti et des paysages culturels. 

Composé d’au moins cinq professionnels (urbanisme, architecture, histoire et patrimoine, pour plusieurs membres du conseil d’administration), ce comité se réunit à chaque mois. Les dossiers priorisés ont soit valeur d’exemple soit découlent d’une situation faisant craindre une perte imminente.

Par souci de transparence, nous publions les avis et prises de position sur ce site web quelques jours seulement après l’envoi au destinataire.