Au printemps dernier, nous avons publié en collaboration avec plusieurs autres organismes nationaux un communiqué demandant à la Ville de Québec de préserver la fonction agricole des terres des Sœurs de la Charité que le groupe Cominar souhaite développer.
En avril, suite au dévoilement de la version révisée du Schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Québec, nous apprenions que la Ville réitérait sa volonté de dézoner les terres agricoles pour y développer un nouveau secteur urbain. Nous croyons que ce projet compromet grandement le maintien ainsi que le développement des activités agricoles et d’élevage sur le territoire de l’agglomération de Québec.
Rappelons que les terres cultivables représentent, selon l’Union des producteurs agricoles, seulement 2% de la superficie du territoire de la province et que celles-ci se trouvent majoritairement dans la vallée du Saint-Laurent où la menace de l’étalement urbain est la plus forte. Par ailleurs, très peu de villes ont l’avantage de Québec qui bénéficie d’une terre vaste et fertile, formant une enclave au sein même de son territoire.
Ces terres, qui comptent parmi la plus ancienne trame agricole du pays, sont exploitées depuis le XVIIe siècle et composent un élément marquant et constant dans la paysage urbain de la capitale. Dès la fin du XIXe siècle, les récoltes issues de leur exploitation par les Soeurs de la Charité servaient à alimenter l’Institut universitaire en santé mentale de Québec et l’hôpital Robert-Giffard, en accord avec la mission de cette congrégation religieuse. Nous croyons qu’il est important de perpétuer cet usage en conservant le zonage agricole des lieux. De plus, l’exploitation de ces terres devrait continuer de profiter à la collectivité par des projets d’agriculture urbaine.
Les terres des Soeurs de la Charité, des enjeux paysagers
Dans cette lettre envoyée le 19 juin, Action patrimoine interpelle trois ministères par rapport à l’avenir des Terres des Sœurs de la Charité. Rappelons que dans la version révisée du schéma d’aménagement et de développement de la Ville de Québec, cette dernière réitère sa volonté de développer un nouveau projet urbain sur ces terres patrimoniales.
Un élément marquant et constant dans le paysage urbain de la capitale
Un patrimoine agricole unique
Depuis plusieurs années, l’agriculture urbaine se présente comme solution à l’urbanisation, au Québec et partout dans le monde. De plus en plus d’entrepreneurs privés investissent dans ce domaine et donnent lieu à de belles réussites. À Québec, on ne peut penser à un lieu plus propice à ce genre d’initiative que les terres des Sœurs de la Charité. Ces terres présentent l’opportunité d’offrir une culture maraîchère locale aux citoyens de la capitale. Le maintien de la fonction agricole par l’entremise d’un projet d’agriculture urbaine permettrait alors de répondre à des enjeux contemporains en maintenant un usage agricole plusieurs fois centenaire.
En 2012, l’adoption de la nouvelle Loi sur le patrimoine culturel élargissait la définition du patrimoine pour y inclure les paysages culturels. À ce jour, aucun paysage culturel n’a encore été classé au Québec. Il nous semble très pertinent d’aborder l’aspect patrimonial de ces terres sous cet angle. Cependant, pour assurer la pérennité de ce patrimoine agricole unique en zone urbaine, il faudrait en premier lieu que la Commission de protection du territoire agricole du Québec décide de maintenir le zonage actuel.
Il semble ainsi que la sauvegarde des terres des Soeurs de la Charité dépende de la concertation et d’une étroite collaboration entre les ministères concernés. Il est rare qu’un site de grande valeur patrimoniale réunisse des enjeux impliquant trois différents ministères. Cela représente une belle occasion de démontrer une vision commune de la part du gouvernement pour préserver le patrimoine culturel et agricole, pour le maintenir bien vivant et profitable pour tous.
Suivi du dossier
Le schéma d’aménagement qui prévoit le développement immobilier sur les anciennes terres des sœurs de la Charité, et sur lequel la Ville de Québec travaillait en novembre 2016, fera l’objet d’une consultation publiques dans les prochains mois. La Ville souhaite l’adopter d’ici 2018.