Nous avons été avisés de la possible démolition de l’édifice Art nouveau Le Christin, aussi connu sous le nom des appartements Riga. Ce bâtiment a été construit en 1914 par Joseph-Arthur Godin. Cet architecte, un pionnier dans l’utilisation du béton armé, a réalisé deux autres bâtiments de style semblable à Montréal. Un de ces derniers, l’édifice Joseph-Arthur-Godin, est aujourd’hui classé par le ministère de la Culture et des Communications.
Dans le projet à l’étude, les anciens appartements Riga seraient démolis pour faire place à un nouvel immeuble voué à l’hébergement social. Compte tenu de la valeur patrimoniale de cet édifice et de la rareté de l’architecture Art nouveau au Québec, cette éventualité nous préoccupe grandement.
L’arrondissement de Ville-Marie, dans son plan d’urbanisme, dresse une liste de bâtiments d’intérêt patrimonial et architectural de valeur exceptionnelle. Cette initiative tout à fait louable devrait favoriser la protection des bâtiments qui y sont inscrits. Toutefois, afin d’autoriser la démolition de l’édifice Le Christin, ce dernier devra être retiré de cette liste. En agissant ainsi, la Ville de Montréal envoie un message contradictoire en ce qui a trait à l’intérêt qu’elle accorde à son patrimoine bâti.
Nous sommes conscients que la création de logements sociaux est un besoin majeur à Montréal et reconnaissons les efforts déployés par la Ville pour améliorer la qualité de vie de ses citoyens. Il nous apparaît cependant que cet objectif pourrait être atteint sans entrer en contradiction avec la préservation du patrimoine.
Par ailleurs, le projet initial de la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), propriétaire actuel du bâtiment, prévoyait une réhabilitation. Alléguant la présence de vices de construction, la SHDM a, par la suite, abandonné cette avenue. Malgré nos demandes, nous n’avons eu accès à aucun rapport détaillé concernant l’état du bâtiment.
En tant que métropole et plus grande ville du Québec, nous croyons qu’il est essentiel que Montréal fasse preuve d’exemplarité et de transparence en matière de préservation et de mise en valeur du patrimoine. À cet effet, il est primordial de respecter les intentions fixées dans les documents de planification comme son plan d’urbanisme. Le risque, dans la situation actuelle, est de créer des précédents que d’autres municipalités pourront ensuite invoquer pour justifier le retrait de certains éléments patrimoniaux de leurs inventaires au gré des intérêts du moment.