Politique culturelle : La culture comme vecteur d’amélioration de la qualité des milieux de vie

Québec, le 13 juin 2018 – Action patrimoine a pris connaissance de la nouvelle politique culturelle du Québec dévoilée hier matin à Montréal. Notre organisme salue les orientations prises par le gouvernement, notamment le gain important que représente la reconnaissance des liens étroits entre culture et territoire, mais reste sur sa faim concernant un certain nombre d’enjeux auxquels fait face le milieu, tout particulièrement l’appui et la reconnaissance de ses acteurs.

 

Rappelons qu’en avril 2016 et en septembre 2017, Action patrimoine participait aux séances de consultation tenues par le ministère de la Culture des Communications et déposait un mémoire composé de sept (7) recommandations au gouvernement dont celles de se doter d’une vision claire et cohérente en matière de patrimoine et d’aménagement du territoire, de clarifier le rôle et les responsabilités des acteurs et de revoir certains éléments de son cadre législatif.

 

Après une première analyse du plan d’action, Action patrimoine trouve écho à cinq (5) des sept (7) enjeux prioritaires identifiés.

 

Les avancées marquantes

 

Le territoire, ses paysages et son architecture sont désormais reconnus comme d’importants vecteurs de culture, ce qui consiste en soit une grande avancée. Ces domaines relevant de différents ministères et sociétés d’État, nous sommes heureux de constater que le plan d’action cible spécifiquement les différentes entités gouvernementales impliquées dans la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine. Restera maintenant à voir quels mécanismes de concertation seront proposés afin d’assurer sa pertinence. (Mesure 21 et 28)

 

La reconnaissance du savoir-faire des métiers traditionnels par l’industrie de la construction est une mesure concrète qui devrait avoir un impact considérable sur la mise en valeur du patrimoine. Longuement discutée par les acteurs lors du Sommet national du patrimoine bâti, cette proposition nous apparaît comme une concrétisation précieuse pour le milieu du patrimoine, ses artisans et la relève. (Mesure 16)

 

Nous ne pouvons évidemment qu’accueillir favorablement les investissements prévus pour la restauration d’immeubles patrimoniaux, le soutien à la protection et la mise en valeur du patrimoine à caractère religieux et les montants investis pour la gestion du patrimoine culturel de l’État. Cependant, il faut rester vigilant puisque, comme le stipule le rapport Corbo-Courchesne (2016), les tendances en termes d’investissement sont à la baisse pour le patrimoine. On va même jusqu’à 38% des montants assignés à la direction du patrimoine du ministère de la Culture et des Communications. (Mesures 23, 24 et 25)

 

Toujours attendus 

 

Nous recommandions que le gouvernement du Québec clarifie, en collaboration avec les acteurs du milieu, le rôle de ces derniers dans la gestion et la protection du patrimoine afin de réduire la confusion de chaque niveau d’intervention. Malgré une volonté d’interpeller l’ensemble des institutions publiques concernées par cette politique, force est de constater que les organismes du milieu sont les grands absents de ce plan d’action. Ils sont pourtant des acteurs de première ligne lorsqu’il s’agit de protéger le patrimoine et d’établir les besoins en la matière. Il n’est nullement mention de leur rôle et de leur financement. Seule la mesure 24 propose de soutenir les communautés qui se mobilisent en faveur de la protection, de la transmission et de la mise en valeur du patrimoine culturel à caractère religieux.

 

Nous avions également insisté sur l’importance pour le Québec de se doter d’une politique d’entretien du patrimoine permettant une meilleure protection et une valorisation à long terme. Nous reconnaissons les bonifications au Fonds du patrimoine culturel québécois, mais soulignons l’absence d’une politique pour assurer la portée de ces investissements.

 

La connaissance est un élément essentiel à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine. Les processus décisionnels se doivent d’être transparents les études se doivent d’être accessibles. La mesure 23 proposant des activités de diffusion reste vague quant à la portée de celle-ci. Est-ce qu’une mesure concrète assurera un processus efficace d’accès à l’information de ces documents dans des délais raisonnables? La connaissance passe également par l’expertise en patrimoine; quelle mesure répond à l’insuffisance des ressources humaines spécialisées en patrimoine au sein du gouvernement et des municipalités?

 

Ainsi, nous reconnaissons que cette nouvelle politique comporte des avancées significatives, notamment la volonté de doter le Québec d’une stratégie gouvernementale en architecture. Nous espérons également que les recommandations du rapport Corbo-Courchesne auquel nous faisions référence trouveront leurs chemins afin d’établir des solutions aux enjeux intrinsèques au patrimoine culturel immobilier. De plus, le calendrier dans lequel s’insère le dévoilement de cette politique, à quelques jours de la fermeture des travaux de l’assemblée nationale et à l’aube d’une campagne électorale à l’automne, nous laisse encore dans une situation d’incertitude. Nous espérons que, quel que soit le parti au pouvoir, il maintiendra les avancées proposées par cette politique culturelle.

À noter

Dans le cadre de ces mêmes travaux, des activités de réflexion complémentaires aux consultations publiques ont été lancées. Parmi celles-ci, un mandat portant spécifiquement sur les enjeux patrimoniaux a été confié à Mme Michelle Courchesne et à M. Claude Corbo. Action patrimoine a eu l’occasion de rencontrer ces représentants à Montréal le 17 mai 2016. Nous sommes heureux de constater que ledit rapport est publié et accessible au public. Nous saluons d’ailleurs l’exhaustivité de ce document qui reflète de nombreux enjeux constatés au quotidien par notre organisation, membres et collaborateurs et, surtout, la pertinence de la soixantaine de recommandations qui y sont proposées.
Lire le Rapport Corbo-Courchesne